Romantasy : Les Royaumes d'émeraudes - Livre Deux : Ombre et Lumière (Extrait)

Chapitre 2

Jéky venait d’avoir quatorze ans. Dès son rétablissement, il avait décidé de devenir chevalier.

Rodey de Kenfi avait autorisé l’intégration du garçon au sein de leur communauté. Jéky se trouvait sous la surveillance du chevalier Kara. Il vouait une véritable adoration pour la jeune femme, qui pourtant ne le ménageait pas lors des entraînements.

Chaque soir, avant d’aller se coucher dans sa petite chambre, Jéky se rendait aux écuries. Il aimait discuter de sa journée avec Kuana. La doyenne des zamans, posait son regard doux sur le garçon, qui souvent se prenait déjà pour un homme. Par de grands gestes, il lui montrait parfois certaines techniques de combats au corps à corps. Il s’inventait alors un adversaire, dont il sortait toujours vainqueur.

Jéky avait parfois l’impression que Kuana comprenait ce qu’il disait. Et en effet, la zaman savait ce que racontait ce petit homme. Les zamans étaient pourvus d’une certaine intelligence. Ils ne pouvaient pas parler, mais savaient parfois se faire comprendre des humains. Leurs ancêtres, les licornes possédaient un savoir ancestral que les zamans avaient perdu. Les licornes avaient par ailleurs, le don de télépathie.

Jéky avait été heureux au manoir Kova. Au temple de Llellëa, parmi les chevaliers, il avait trouvé une famille. Il était respecté au même titre que les autres.

Il apprenait les remèdes des elfes et suivait régulièrement des cours. Il apprenait l’Elfidien, ainsi que d’autres dialectes, mais aussi l’histoire, la géographie, les mathématiques et bien d’autres disciplines.

Ses journées étaient chargées. Malgré sa fatigue, il ne manquait jamais d’aller discuter avec Kuana. Ensuite, il faisait le tour des écuries en distribuant des caresses à l’un ou l’autre des zamans.

Puis, enfin, Jéky se décidait à retourner dans sa chambre. Il s’endormait d’une masse dans son lit. Il rêvait alors de combats nobles et victorieux. Il chevauchait un magnifique et robuste zaman. Un sourire apparaissait alors sur son visage juvénile.

Pourtant, les premiers mois au temple de Llellëa, avaient été difficiles pour le garçon. Les nuits étaient peuplées de cauchemars. Des cris et des pleurs réveillaient Kara, qui avait installé ses affaires dans la chambre contiguë à celle de Jéky, afin de veiller sur son sommeil. Les premiers temps, elle le consolait du mieux qu’elle pouvait.

La jeune femme ne savait trop comment apaiser les peurs de Jéky. Les gestes maternels et ancestraux s’étaient manifestés tout naturellement au fil des nuits d’insomnies du garçon. Elle avait su trouver les mots justes, pour consoler et rassurer. Peu à peu, un lien s’était noué entre ces deux êtres. Et enfin, au bout de quelques mois, les nuits étaient devenues plus calmes, plus sereines pour Jéky. La vie de chevalier, lui convenait parfaitement.

De temps en temps, Kara ouvrait la porte de la chambre de Jéky et le découvrait paisiblement endormi, en travers de son lit, avec ce merveilleux sourire sur les lèvres. Le cœur de la jeune femme s’en trouvait réchauffé. Un cœur maternel s’était réveillé.

Rodey permettait cette situation. L’ordre chevaleresque de Llellëa n’était pas rigide quant aux liens qui pouvaient unir les chevaliers. Par ailleurs, dans l’histoire de l’ordre, il y avait même eu un couple de chevalier. C’était à l’époque de Fyllus de Llellëa. Il s’agissait du chevalier Welnaë de Llellëa, la sœur de Fyllus, et du chevalier Vortak de Mastra. Elle était un elfe et lui un humain. Vortak de Mastra fut le premier homme a intégré l’ordre chevaleresque de Llellëa.

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Loin d’ici, au palais gouvernemental de Kena’Ch, Kévy assis dans un confortable fauteuil, était contrarié. Rien ne se passait, comme il le souhaitait. En effet, Kybar Voltan avait fini par retirer ses troupes des environs des ruines de Llomaë. Un puissant bouclier énergétique barrait l’accès au portail interdimensionnel. Tous leurs efforts avaient été vains. Depuis plusieurs mois, ils faisaient le siège de ce lieu. Kybar préférait, maintenant, conduire ses troupes aux abords de la forêt de Soltek. Ils pensaient que les mages seraient capables de neutraliser la magie de Soltar Quinan.

La rage de Kévy était sans mesure. Il devrait attendre encore avant de pouvoir mettre la main sur la reine des elfes. C’était une obsession pour le mage. Il se souvenait parfaitement de la première fois, où il avait rencontré Erwina.

A l’époque, Fellëor Mëllagän, roi du royaume des elfes, se mariait. Il avait invité son vieil ami Myrddin. Le grand magicien avait répondu à l’invitation. Il était accompagné de Kévy.

A Llomaë, le palais elfique et ses environs avaient été décorés de milliers de fleurs blanches, des Wlyan’s. La fleur éternelle des elfes, symbole de bonheur et d’union dans le couple. Pour l’occasion, certains des arbres s’étaient parés de fleurs blanches nuancées de mauves.

La cérémonie avait lieu devant l’autel de marbre, dédié à Wal’Yëa, la terre bénie. Les quatre émeraudes vibraient en parfaite harmonie avec l’endroit. Parmi l’assemblée, il y avait de nombreux elfes, mais aussi des centaures, des dragons, dont Shywa’la, des lutins, des Esprits de la nature et des humains.

De nombreuses fées florales, mais aussi des fées des airs, voletaient joyeusement autour des invités. De légers rires cristallins s’échappaient de leurs ravissantes bouches.

Des rayons de soleil réussissaient à passer à travers les branches des arbres. Ce lieu était idyllique.

L’allée qui menait à l’autel, était parsemée de pétales de Kry’la et de feuilles d’Elweïs, symboles de réussite et de fertilité.

Le silence s’était installé dans la foule. Un couple venait d’apparaître au bout de l’allée. Main dans la main, le couple royal s’avançait doucement. Sylf les devançait. En tant que shaman des elfes, c’est lui qui officiait pour toutes les cérémonies sacrées.

Fellëor était splendide dans son costume de marié. Et la reine, était éblouissante dans sa robe blanche, brodée de perles et de petites pierres mauves. Un fin diadème serti de nombreux cristaux, ornait son front et ses tempes.

Kévy posa son regard sur le visage de la souveraine et son cœur sauta un battement. Il retint sa respiration quelques secondes et expira doucement. Alors, naquit en lui le sentiment de possession. Il désirait par-dessus tout, cette femme. Elle devait être sienne. L’idée s’ancra profondément en lui et ne devait plus jamais le quitter. C’est ce qui le détruisit. Irrémédiablement. Le magicien qu’il était sombra peu à peu vers le mage noir qu’il deviendrait un jour. Un mage dangereux et puissant. Il ne pouvait résister à ce sentiment et ne le voulait pas.

Ce jour-là, il cacha ses pensées et ses sentiments. Il mit un barrage à son esprit. Ce jour-là, il changea. Il connut aussi la douleur et la souffrance. Elle, l’objet de ses désirs devenait la femme d’un autre.

Kévy se souvenait parfaitement des jours suivants. La douleur dans sa poitrine, mais aussi un sentiment de solitude qui l’avait envahi. Ce sentiment, il ne voulait plus le connaître. Alors, il avait décidé d’oublier Erwina, en fréquentant d’autres femmes. Hélas, aucun résultat. Erwina obsédait ses nuits.

Le désir de cette femme grandissait en lui, mais aussi le désir de pouvoir. Il dissimulait son âme à Myrddin, qui parfois le regardait songeusement. Mais son vieil ami, ne prononçait jamais aucun mot.

A Shenalla, la vie continuait. Une centaine d’années s’était écoulée, lorsqu’une nouvelle venant du monde elfique, arriva. La reine était enceinte...